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Deux élèves aux Olympiades internationales de maths

4 juillet 2018

Chaque année, des équipes venues du monde entier représentent leur pays aux Olympiades internationales de mathématiques (OIM). Cette année, les sélections pour l’équipe suisse ont donné d’excellents résultats : sur les six participants sélectionnés, deux sont élèves à l’Institut ! Il s’agit de Juraj Rosinsky et Tanish Patil, ayant respectivement obtenu la seconde et la sixième place lors des Olympiades nationales du 28 mai dernier à Zurich. En juillet prochain, ils représenteront la Suisse à l’OIM 2018, à Cluj-Napoca en Roumanie.

Cette sélection n’est-elle que pure coïncidence ou il y aurait-il une raison pour que l’équipe intègre cette année deux de nos élèves ?

Juraj & Tanish : Il s’agit bien sûr d’une coïncidence, bien que le fait d’habiter près de Genève ait pu contribuer. En effet, avec l’Université de Genève, le Cern et l’EPFL à Lausanne, nous sommes entourés de trois grandes institutions scientifiques et d’un grand nombre de spécialistes et passionnés de sciences et de mathématiques. Si nous habitions dans un petit village plus excentré, il aurait été beaucoup plus difficile d’atteindre notre niveau actuel.

Votre entourage vous a-t-il encouragé à pratiquer les maths ?

Juraj : Mes deux parents ayant fait beaucoup de mathématiques durant leurs études, je pense que dans notre famille, cette discipline joue un rôle plus important que dans beaucoup d’autres familles. J’ai toujours pratiqué les maths en dehors de l’école. Petit, je résolvais déjà des puzzles mathématiques slovaques adaptés à mon âge et je participais aux concours par correspondance « Pikomat ».

Tanish : Mes parents ne sont pas mathématiciens, mais ma mère était expert-comptable avant de décider de rester à la maison pour s’occuper de nous. Elle m’a toujours posé des questions mathématiques et m’avait déjà enseigné beaucoup de notions avant que je ne commence l’école.

Est-ce que les Olympiades correspondent aux maths que vous étudiez en classe ? Avez-vous été inspirés par les mathématiques à l’école ?

Juraj : Dans mon ancienne école, nous participions déjà au Concours « Kangourou » français. C’est grâce à cette compétition et à l’un de mes enseignants que je me suis inscrit dans un Club de maths à Lyon. J’aimais beaucoup leur approche. La pratique des maths était ludique et c’est là-bas que je me suis le plus entrainé. Pour parvenir à la solution appropriée, pas besoin de théorèmes compliqués ou de beaucoup de calculs, simplement de la réflexion.

D’une manière générale, je dirais que les questions types Kangourou sont plus intéressantes que les mathématiques que l’on fait pour le Baccalauréat français. A l’école, la plupart du temps, on apprend des théorèmes, sans pleinement les comprendre. On les applique simplement à l’énoncé donné, puis on fait les calculs nécessaires pour obtenir la solution.

Les mathématiques du Concours Kangourou sont moins scolaires. Les énoncés sont sous forme de problèmes mathématiques, comme « Soient deux entiers consécutifs dont les sommes des chiffres de chacun d’eux sont des multiples de 7. Au moins combien de chiffres le plus petit nombre a-t-il? » Les problèmes sont formulés simplement, mais sont difficiles à résoudre et personne ne nous donne d’instructions sur la manière de procéder. Le processus est donc plus créatif. Les mathématiques des Olympiades sont dans le même esprit, mais d’un niveau plus élevé.

Tanish : Pour ma part, j’ai également participé au Concours Kangourou, mais à la version britannique, vu que je suis en section anglaise. Etant donné que j’ai toujours bien aimé ces problèmes et que mes résultats étaient bons, je souhaitais aller plus loin. Quand ma mère a entendu parler des cours de mathématiques Euler proposés par l’EPFL à Lausanne, elle m’a encouragé à participer aux sélections. Au concours, les énoncés étaient dans le même esprit que ceux du Concours Kangourou. J’ai été accepté au cours Euler et c’est là qu’on nous a présenté les Olympiades de mathématiques et que je me suis retrouvé aux Olympiades suisses.

Faudrait-il, à votre avis, faire évoluer l’enseignement des mathématiques à l’école ?

Juraj : Si les enseignants prenaient le temps nécessaire pour expliquer les théorèmes en détail, la plupart des élèves de la classe seraient vite perdus. Toutefois, il serait intéressant de pouvoir développer le côté ludique !

Tanish : Je suis en partie d’accord avec Juraj : l’approche à l’école est moins intéressante, mais je dois dire que les cours d’Additional Maths et de Maths Higher Level que j’ai suivis me permettent de mieux comprendre ce que l’on apprend. Avec des exemples simples, intuitifs et faciles à calculer, on a pu observer et mieux comprendre les raisonnements. 

Pour vous, qu’est-ce qui rend les Olympiades de mathématiques attractives ?

Tanish : J’aime particulièrement les Olympiades parce qu’on nous donne assez de temps pour bien réfléchir et tenter différents raisonnements. Pour les examens à l’école, c’est différent : si notre premier essai n’est pas concluant, on perd beaucoup trop de temps.

Aux Olympiades, on nous donne trois problèmes par jour et six heures pour les résoudre. A chaque fois, il y a un problème « simple », un problème de niveau intermédiaire, et un difficile. Si en deux heures on ne trouve pas la solution à un problème, autant passé au suivant, car on ne trouvera pas non plus avec davantage de temps.

Juraj : Même si l’on a beaucoup de pratique et que l’on dispose de suffisamment de temps, on ne sait pas toujours quel théorème appliquer. On peut alors, malgré tout, être pénalisé lorsqu’on perd trop de temps sur des tentatives sans résultat.

Tanish : J’aime pratiquer les mathématiques de manière intuitive. Appliquer ce que l’on a appris, c’est essentiel, mais il faut d’abord avoir une bonne intuition, pour ensuite guider notre raisonnement. De plus, il faut admettre que les énoncés OIM sont très difficiles : même si on ne résout intégralement et correctement qu’un seul problème, cela mérite déjà une mention.

Juraj : J’aime aussi beaucoup les énoncés intuitifs. La théorie des nombres entiers et la géométrie se prêtent parfaitement à ce type de problèmes. Je n’aime pas mémoriser ou réviser avant un examen, mais pour les Olympiades, pas besoin de grands théorèmes ou de beaucoup de calculs, juste de la réflexion. Puis, en pratiquant assez souvent, on mémorise plus facilement les théorèmes utiles.

Qu’avez-vous prévu pour cet été ? Qu’est-ce que vos amis disent lorsqu’ils voient que vos vacances sont occupées par les mathématiques ?

Tanish : En plus des OIM, je vais également participer au cours PROMYS Europe Mathematics à Oxford. Mes amis ne parlent pas trop de ma passion pour les maths. Ils admirent plutôt le fait que j’ai pu voyager et visiter un grand nombre de pays et d’universités renommées grâce aux mathématiques. Certains sont même un peu jaloux car, à la fin de la Year 12, je sais ce que je veux faire, tandis que certains se sentent perdus.

Juraj : Après les OIM, je compte suivre un stage de maths et de physique en République tchèque, organisé par l’Université Karlova à Prague. Ensuite, après l’été, j’espère commencer mes études en mathématiques à l’EPFL ou à l’Université de Genève.

Merci beaucoup pour cet entretien. Nous vous souhaitons plein de succès et espérons que vous décrocherez une médaille en Roumanie !

Entretien par Geertje Hek, enseignante

Photo : IMO Suisse